Lyrics Book

MUSIQUE
Dans LUX, chaque note de chaque chanson appartient à Sylvain, ainsi que 90 % des mélodies (je suis les 10%). Il ne prend pas de notes, n’a pas de méthode particulière, il s’assoit avec sa guitare et joue et joue encore. Une fois que la chanson commence à prendre forme, il peut, à l’occasion, l’enregistrer sur son téléphone, mais c’est rare. Il me dit que s’il l’a oubliée le lendemain, ça veut tout simplement dire que ça ne valait pas la peine d’aller plus loin. Il n’a pas une idée précise en tête quand il se mets à composer.. Il ne prend aucun modèle et n’essaie jamais de faire une chanson « à la » quelqu’un. Il se contente de jouer jusqu’à ce que la chanson prenne forme. Le résultat est unique, varié comme le vent.
Certaines de ses chansons attendent des mots depuis des années et d’autres sont nées hier.


LES MOTS
J’aime les mots. J’en ai la tête pleine. Je prends des notes dans des carnets que je garde près de moi pour faire de la place dans mon cerveau. Une chanson peut commencer autour d’un seul mot, d’une expression, d’une histoire. L’écriture peut se dérouler comme sur des roulettes ou nécessiter une longue séance de tirage de cheveux et des forceps. Je ne sais jamais à l’avance comment cela va se passer et une fois la chanson finie, la lutte pour l’écrire n’a aucune incidence sur le texte fini. Parfois, je m’assois pour écrire une chanson et l’écriture m’emmène ailleurs et j’écris une autre chanson. Je ne montre jamais mes paroles tant que je ne les trouve pas dignes d’être lues. Je jette beaucoup d’idées, je jette beaucoup de mots, je cache (brûle !) les paroles que je trouve nazes et ne révèle que celles qui semblent fonctionner.
CHANSONS
Au début, j’écrivais un texte, je le donnais à Sylvain et il revenait un jour ou deux après avec la chanson finie. Au fil du temps, nous avons inversé ; il me donnait la musique et je mettais les mots. Maintenant, nous faisons les deux en fonction de ce qui apparaît en premier. Une fois que j’ai quelque chose par écrit, nous nous asseyons côte à côte pour faire le montage ensemble. Si j’en ai trop écrit, je coupe, s’il en faut plus, j’en rajoute. Nous sculptons la chanson ensemble et pas une seule des nos 70 chansons environs n’a été source de conflit. La joie que je ressens lors de la création est probablement ma plus grande motivation et la raison derrière mon désir d’écrire des chansons.
LUX EP JUIN 2014

Le premier EP est notre pierre angulaire, un premier pas pour essayer de passer de l’ombre à la lumière. Nous avions commencé à faire des concerts à deux et nous avions un tas de chansons – déjà trop. Au début, nous avons enregistré quelques chansons dans un studio, mais le mix ne nous convenait pas et les chansons n’avaient pas trouvé de valeur ajoutée. Les démos enregistrées par Sylvain sur le 32 pistes Korg sonnaient plus fraîches et nous ressemblaient davantage.
Et puis nous sommes allés à Black Box.
Leur offre pour les premiers enregistrements de groupes non signés était de faire 5 chansons en 5 jours – mixage compris. Nous avons donc embarqué un batteur et un bassiste et nous sommes partis en studio.
Et c’est à Black Box que nous avons rencontré pour la première fois Peter Deimel.
Peter était le co-fondateur du studio et est à la fois ingénieur du son et producteur. Il travaille avec des groupes renommés, des petits groupes et des groupes de tous horizons et il est très impliqué dans la production de la musique actuelle. Et il a immédiatement compris notre musique et, dès le premier jour, il nous a aidé à trouver notre son. Sylvain et lui se sont tout de suite entendus. Pour moi, enregistrer avec Peter, c’est comme écrire des chansons avec Sylvain – facile, joyeux. Avec Peter, nous avons pu nous sentir complètement libres dans un environnement où tout est orienté vers la créativité et où l’analogique est roi. Être à Black Box, c’était comme se sentir à la maison.
L’EP a été conçu comme un petit échantillon de LUX pour nous aider à faire quelques concerts et à avoir quelque chose en main à montrer. Sur les 5 chansons, les 4 premières ont été enregistrées avec le groupe – Sylvain à la guitare avec le bassiste Julien Boisseau et Franck Ballier qui était notre batteur à l’époque. La Gare Saint-Lazare a été enregistrée en duo acoustique en direct, uniquement guitare voix.

IN THE END
Sylvain commence la chanson avec le vibration d’un EBow glissant sur les cordes. Si je me souviens bien, j’avais trouvé la première prise trop chargée en cymbales, pas assez profonde, pas assez sombre. J’avais écrit cette chanson juste après être rentrée d’une visite aux États-Unis pour voir mon père malade. Il était âgé et réduit au silence par la maladie (d’où la phrase sur quelqu’un qui « can no longer speak ») et était devenu l’ombre du père si solide que j’avais connu . Je ne l’ai plus jamais revu car il est mort quelques mois plus tard. C’était une chanson difficile à écrire et elle reste une chanson triste à chanter.

WINTER IN NEW YORK
Je n’ai pas encore beaucoup écrit sur la ville de New York. Les gens me demandent si New York me manque et c’est le cas. Peut-être que je ne ressens pas le besoin de parler de ma ville parce que je la porte en moi tout le temps. Comme dans Horse où j’essayais d’arriver à quelque chose d’essentiel et de magique, de même que dans Super 8 où j’ai utilisé mes souvenirs d’enfance, j’ai juste besoin de fermer les yeux pour revoir ma ville natale. Je la connais vraiment « like the back of my hand » et c’est vrai qu’il y avait des « stray cats in the park » nous en avons sauvé quand j’étais enfant.

RADIO STATIC
Sylvain préfère les chansons tristes et celle-ci est l’une de ses préférées. Elle parle des conséquences d’une rupture. Le protagoniste est un type qui vient de se faire larguer et qui est plongé dans le chagrin. La douleur que je décris est une douleur que j’ai moi-même ressentie mais que j’ai voulu maximisée dans la chanson. Je voulais mettre toute la souffrance sur l’autre, lui faire ressentir ce que j’avais vécu. Quoi qu’il en soit, c’est évidemment un sujet vieux comme le monde mais nous aimons cette chanson, c’est pourquoi elle figure souvent sur les setlists des concerts.
NO NEW LOVE YET PLEASE
(PAS (ENCORE) DE NOUVEL AMOUR S’IL VOUS PLAÎT)
J’aime parfois donné un long titre. Et ici, il résume vraiment la chanson. D’une certaine manière, c’est une première version de Runway Lights – le même sujet exploré avec une ambiance différente.
J’essaie constamment de trouver un point de vue différent pour la chanson d’amour, fascinée par le petit détail, le « dip in the road, the shift in the wind » (les battements d’ailes d’un papillon quoi) qui mets une nouvelle histoire en marche.

LA GARE SAINT LAZARE
Si l’heure est au dévoilement, alors vous devez savoir que La Gare Saint-Lazare, numéro 13 sur la liste des chansons que nous avons écrites, est celle qui a changé la donne. Je suis tombée amoureuse grâce à cette chanson.
Les paroles contiennent de petits indices sur mon histoire avec Sylvain, d’autres chansons que nous avions écrites et des références à la musique qui nous a réunis. Si vous regardez de près, vous pourrez trouver des références aux Beatles et à Dylan. Le texte est sorti un soir d’un seul coup. Je l’ai envoyé à Sylvain qui m’a envoyé une version le lendemain où il chantait le texte complet – il n’y a pas eu besoin de changer un seul mot.
À Black Box, il a fallu deux séances pour l’enregistrer. Contrairement aux quatre premières chansons qui ont d’abord été enregistrées en direct avec le groupe, puis overdubs ajoutés, cette chanson a été enregistrée avec nous deux dans la même pièce, directement sur la bande. Nous n’avions de la place que pour 3 prises. Si nous nous plantions, il fallait effacer la bande et tout recommencer. La première fois, nous n’avons pas pu saisir la bonne intention. Ou Sylvain jouait trop appuyé ou je chantais trop fort. La fois suivante, nous avons enregistré la nuit dans la salle de batterie, juste nous deux. Peter avait mis des bougies tout autour et Sylvain jouait et je chantais, tout cela dans la chaleur de cette lumière vacillante. J’aime penser que la fragilité de la scène transparaît sur la bande.

Après ce premier enregistrement à Black Box, l’ambition était de revenir le plus vite possible. Il a fallu plus de 2 ans, une campagne de financement et le soutien d’un grand nombre de personnes pour nous ramener là-bas, cette fois avec Peter comme producteur, pour enregistrer notre premier album « Super 8 ».
Lorsque j’ai rencontré Sylvain, Paris n’était plus une nouveauté pour moi. En fait, je l’avais déjà vu une fois, un jour au hasard, dans un magasin à Pigalle où il essayait une guitare. Il ne m’a pas parlé ce jour-là mais son jeu a marqué mon esprit. A l’époque avec déjà beaucoup de retard pour ce genre d’ambition, je commençais à vouloir jouer de la musique, écrire des chansons, me produire sur scène.. J’ai finalement pu parler avec Sylvain lors d’un pique-nique organisé par des amis communs un dernier dimanche de juin. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’une conversation informelle aurait un impact aussi phénoménal sur la suite.
Il est venu prendre le thé quelques temps après et je lui ai montré ma pile de textes. Le premier jour, il a choisi une page ou deux et deux jours plus tard il est revenu avec la première chanson. Si on me demandais, je dirai que j’avais des mots qui attendaient leur musique et Sylvain avait sa musique qui attendait des mots.
Ce premier album a été l’aboutissement d’un premier chapitre dans une histoire qui démontre à tel point la vie est pleine d’imprévus et qu’au final, c’est l’amour que tu apportes, que tu trouves et que tu crées qui compte vraiment.
SUPER 8 OCTOBRE 2017

HORSE
Depuis toujours, les chevaux font partie intégrante de ma vie. Pendant très longtemps, je ne me suis pas vraiment intéressée à autre chose. Pourtant, cette chanson est la seule que j’ai écrite sur les chevaux. Je suppose donc que, pour l’instant en tout cas, j’ai réussi à dire tout ce que j’avais à dire sur le sujet. En relisant les notes dans mon carnet, je vois que le texte a pris du temps pour prendre forme. Je cherchais à saisir l’essence de la nature des chevaux et en re-visionnant les images infinies de chevaux dans ma tête, je n’en ai saisi qu’un petit nombre. Leur vie en troupeau et leur relation avec les éléments est le point de départ de la chanson. Ensuite, il y a « night riding », qui est vraiment magique, car lorsque la lumière est faible, les chevaux ne se déplacent pas de la même manière, il y a plus de suspension et d’attention dans le mouvement de chaque sabot. Le « night swimming » est littéral – qui n’a pas remarqué comment, la nuit, on perçoit les choses différemment ? Et heureusement pour moi, ces mots font également référence à la chanson du même nom de R.E.M., un groupe que j’aime beaucoup. Dans la chanson, je suis le narrateur, mais “the child » de la chanson n’est pas moi. Près de l’écurie où je montais autrefois, il y avait un programme d’équitation pour les enfants ayant des difficultés émotionnelles ou physiques. Et il n’est pas rare que ceux qui refusent de parler décident enfin de rompre le silence et parlent en présence des chevaux – le public parfait, ceux qui savent écouter.
Sylvain dit que toutes ses chansons viennent du Blues et nous avons été très heureux que Peter aime cette « belle chanson de Blues » comme il l’a appelée. Elle a peut-être plus une combustion lente qu’une accroche rapide, mais pour moi, elle semblait parfaite pour débuter l’album.
Le matériel :
Sylvain joue sur sa Gibson SG (pour la prise live). L’ampli est un Fender Bandmaster blackface de 1967 et un Fender Deluxe du début des années 50. Il a également ajouté une Spring Reverb. D’autres pistes de guitare ont été faites avec une Deimel Telecaster (over tracking), la Furch acoustic (over tracking) et la Fender Jaguar de Peter (pour la fin avec les “twangy parts” à la guitare).

HIJACK
Quand Sylvain m’a donné la musique de ce qui est devenu Hijack, je me souviens avoir pensé que ce serait un super titre pour un film de James Bond : sombre, tranchant et cinématographique et j’ai essayé d’écrire le texte en gardant cela à l’esprit. À l’époque où je l’ai écrit – il y a quelques années – je ne savais pas que l’enregistrement coïnciderait avec un moment aussi politiquement violent dans le monde. Avec les événements actuels en toile de fond, la chanson est devenue pertinente et est passée d’une fiction cauchemardesque à une réalité cauchemardesque de « walls », de « false trails », de « lies » où tout le monde est pris en otage.
Le matériel :
La guitare(principale) sur le couplet est la Fender Jaguar 1967 Lake Placid Blue. Elle a été jouée avec un booster électrique, une reverb à ressort et un Ampeg Gemini des années 60. Ensuite, la double piste de guitare de refrain était fait avec la Les Paul TV Special. Le solo a été joué sur la Deimel Firestar avec le Xotic BB preamp.

SUPER 8
Ah ma petite « Super 8 » chérie – notre chanson titre, notre cover girl. Cette chanson s’inspire de mes souvenirs de films de famille – qui étaient souvent tournés en Super 8 – et du fait que je n’y figurais que très rarement (à ma grande déception). Étant la plus jeune et de loin, il semble que mes parents avaient épuisé leur énergie cinématographique au moment où je suis arrivée. Les bobines dans leurs petites boîtes en carton étaient littéralement « in a shoebox » dans le placard. Il est clair qu’il s’était passé tant de choses « before my time » et la chanson exprime le désir d’appartenir peut-être à ce qui semblait – sur pellicule en tout cas – avoir été des temps plus heureux. La chanson n’est pas triste pour autant. Elle commence par un souvenir d’enfance où je m’allongeais sur la banquette arrière de la voiture, rêvassant, mon père au volant, alors que nous sortions de la ville pour aller à la plage ou à la campagne ou pour assister aux courses de chevaux (le passe-temps préféré de mon père le samedi). C’est pourquoi de nombreuses scènes de la vidéo que nous avons réalisée pour la chanson sont tournées du point de vue d’un enfant sur le siège arrière d’une voiture. La vidéo était déjà dans ma tête lorsque j’ai écrit la chanson. « Super 8 » est aussi un exemple rare où j’ai donné mon avis sur certains des arrangements – en général, je laisse tout ce qui est musical à Sylvain. Mais pour « Super 8 », je voulais vraiment que la chanson ait un groove linéaire similaire à celui de « Pretty Pimping » de Kurt Vile et il était difficile d’amener tout le monde à se retenir et à ne pas aller vers une augmentation progressive de l’intensité (dans le refrain par exemple). Cela a fonctionné (merci Peter) mais nous en avons beaucoup parlé ! C’est aussi la chanson qui nous a aidé à déterminer la pochette de l’album. « LUX est un voyage filmé en Super 8 », c’est quelque chose qui a été dit il y a quelque temps à propos de notre musique. La première idée était de ne pas nous faire figurer sur la pochette. Je voulais utiliser une image, un “still” d’une pellicule du film super 8 – des images d’un de nos amis photographes, Robin Cracknell. Nous avons eu des retours comme quoi il fallait mettre nos visages sur la pochette pour que les gens puissent nous voir sur ce premier album. Cela m’a donné l’idée de coller l’image du film contre une photo de Sylvain et moi-même prise par un autre ami photographe, Jehsong Baak ; idée qui a été réalisée par notre graphiste, Mike Derez.
Le matériel :
La Fender Jaguar de Peter de 1967 et la guitare à 12 cordes Tanglewood de Sylvain. Utilisé avec un ampli de la taille d’un petit paquet de cigarettes et une Wah Wah avec une gomme à crayon pour bloquer le débattement. Nous avons tous les quatre fait des “claps”, puis Sylvain et Sylvie, la femme de Peter, et moi avons fait les “whoo whoo” des choeurs.

ROUGH TRANSLATION
Sylvain ADORE cette chanson. C’est l’une de nos premières. D’abord il y eu les paroles mais quand Sylvain m’a joué la chanson terminée, il l’a fait avec un tempo très lent, ce qui m’a fait rejeter la chanson au début. Le simple fait de l’accélérer l’a complètement changée. « Rough Translation » était aussi le nom du groupe – enfin, du projet – que j’avais commencé avant de rencontrer Sylvain. Nous avons fait quelques concerts au début sous ce nom, mais il était impossible pour quiconque en France de le prononcer ou de l’écrire correctement et j’en ai eu assez d’expliquer. C’est pourquoi Sylvain a choisi LUX, un des noms les plus courts possibles.
Les prémices de la chanson se trouve dans la première ligne : « it’s a work in progress ». C’est une observation sur la vie – le fait que nous essayons encore et encore de bien faire, mais que souvent le résultat n’est qu’une traduction approximative de ce que nous avions en tête.
Le matériel :
L’ampli de Sylvain était un Fender Bandmaster blackface de 1967 et un Fender Deluxe du début des années 1950. La guitare principale était la Guild Starfire 1966.
La Deimel Telecaster pour la petite mélodie a été réalisée avec une Roland Space Echo et une Moog Moogerfooger. Le solo a été réalisé avec un Mojo gto (couleurs Ford), qui est une pédale française.

DAMAGED
« Damaged » a été écrite peu avant l’enregistrement de l’album. Sylvain m’avait donné la musique quelque temps auparavant (ces enregistrements vivent dans un petit dossier sur mon ordinateur portable appelé « musique en attente de mots ») et je l’ai tellement aimée, je l’ai trouvée si forte qu’il m’a fallu un certain temps pour trouver le bon sujet. Mais une fois que j’ai commencé à écrire, avec une sorte de commencement à la Lewis Carroll « Alice au pays des merveilles », elle s’est pratiquement écrite toute seule. Il y a souvent ce que je décrirais comme une nature circulaire dans la musique de Sylvain. Il y a quelque chose de rond – et non pas angulaire – et le son se déplace en cercle. C’est peut-être ce qui a contribué à provoquer les mots “a sinuous path » qui serpente autour et à travers la chanson et l’histoire. C’est de loin la chanson la plus sombre de l’album et probablement mes paroles les plus sombres aussi. Elle parle du crime le plus grave – celui de l’abus de toute sorte – qu’il soit sexuel ou psychologique – infligé par le prédateur à sa proie. C’est le terrible vol de l’innocence, un crime qui ne peut être défait.
Le matériel :
Sylvain sur son Guild Starfire 1966 pour la prise live.
Puis la Deimel Les Paul Goldtop avec un électro-boost d’Orion (qui est une pédale boutique allemande). La pédale au son spatial était une Roger Mayer Mongoose puis un Electro-Harmonix original, Electric Mistress.

ISLAND
Du sombre labyrinthe de « Damaged », nous retournons vers la lumière avec « Island ». Sylvain avait la musique depuis longtemps, mais la chanson a été composée alors que nous étions sur l’Île d’Yeu, une petite île au large des côtes françaises. Les habitants de l’île sont façonnés par l’eau qui les entoure, les protège et les menace, et la vie y est en quelque sorte plus proche des éléments sur ce petit joyau « caché dans la mer ».From the dark labyrinth-like backdrop of “Damaged” we move back into the light with “Island”. Sylvain had the music from way back but the song came together while we were on Île d’Yeu, a tiny island far off the coast of France. Island people are shaped by the water that surrounds and protects and threatens them and life there somehow lies closer to the elements on that small jewel “hiding in the sea”.
Le matériel :
La Deimel bleue « Belstar » (type Jazzmaster) en guitare principale Bigsby + Spring reverb. Double piste acoustique à 12 cordes. Solo réalisé avec la Deimel Firestar.
WHILE WAITING
Une chanson nerveuse avec Sylvain qui lance la voix lead.
Sara Sanders, coach vocal, toujours de bons conseils, amie et une rencontre super importante, dit qu’il n’y a que deux types de chansons : les chansons d’amour et les chansons de protestation. While Waiting est une chanson d’amour avec un soupçon de protestation. C’est juste une description de notre vie de « dreaming while waiting ». En espérant que les chansons que vous faites vous porteront quelque part et en attendant, les choses que vous faites tous les jours de « listening to the radio and learning to let go » tout en dansant et en riant et en attendant, toujours en attendant.
Le matériel :
Guild pour la prise live.
L’ampli de Sylvain était un Fender Bandmaster blackface de 1967 et un Fender Deluxe du début des années 1950 – en parallèle – mélange des deux amplis.

RUNWAY LIGHTS
Une autre chanson d’amour ! et une continuité du thème de « No New Love Yet Please » sur le premier EP. On a toujours l’impression que juste au moment où l’on s’habitue à être seul, quelqu’un arrive « in the rearview mirror ». La musique a la légèreté de la Brit Pop des années 1960 pour porter le texte plutôt insouciant.
Le matériel:
Guild pour la prise live puis la Furch acoustique avec 2 microphones (microphones à condensateur de haute qualité). Solo de guitare sur la Guild.

I’M A MARTIAN
Sylvain joue. Chaque jour, il a une guitare dans ses mains à un moment donné. Quant à moi, je prends constamment des notes et j’écris des chansons avec une fréquence et des phases d’intensité variables. Je me souviens d’une amie écrivain qui avait tenté de m’expliquer comment fonctionnaient les auteurs. Elle m’a dit « ce qu’il faut savoir sur les écrivains, c’est qu’ils sont toujours en train d’écrire, dans leur tête ». Je pense que les musiciens sont pareils et probablement tous les artistes en fait. Tout et n’importe quoi peut alimenter la machine, même de façon détournée. Par exemple, quand j’ai besoin d’un peu d’inspiration, je me tourne vers d’autres écrivains et parfois vers la poésie. Dans I Am A Martian, il y a des références à des images tirées à la fois de Wallace Stevens et du Dr Seuss.
Je cherchais à avoir une chanson qui soit moins classique, moins attendue. J’avais en quelque sorte Radiohead à l’esprit comme ambiance, mais pas forcément comme style musical. Sylvain est revenu avec cette chanson qui avait une ambiance un peu à part. Je voulais trouver des images sorties de l’imaginaire et fantastiques pour écrire une chanson sur l’aliénation. Le protagoniste est à la fois amoureux et il est également l’étranger qui se sent toujours en marge.
Je ne suis pas sûr que les autres membres du groupe aient jamais vraiment compris, mais j’adore cette chanson. Et la vidéo de I Am A Martian est un projet en cours, car nous essayons de trouver les images qui vont véhiculer cette ambiance. Je pense que nous y sommes presque. Et au fait, le Martien, c’est moi.
Le matériel :
La guitare principale était la Fender Jaguar 1967 Lake Placid Blue (tête de manche assortie)
Deimel Telecaster, voix doublées, filtre et délai Moog et le Electric Mistress sur une seule prise.

LIQUID AND FIRE
Sylvain chante. Liquid and Fire est l’une de nos plus anciennes chansons. Ayant besoin d’inspiration, j’ai demandé à Sylvain de me suggérer un sujet. Il m’a dit d’écrire une chanson sur « l’alcool et les cigarettes » (Bluesman un jour, Bluesman toujours). Je me souviens avoir écrit un premier jet alors que j’étais assise dans un café (oui, vraiment) à Paris. C’était vraiment mauvais, tellement banal. J’ai donc tout jeté. J’ai recommencé en décidant de ne pas mentionner une seule fois les mots cigarettes et alcool. Pas de whisky, de booze, de bière ou de cigarettes. Donnez-moi une chanson de blues, un thème de blues, mais faites-le à la LUX – un peu plus de mystère s’il vous plaît. C’est ainsi que c’est devenu du “liquid” et du “fire” et une chanson sur la subtile dépendance et ses raisons; « Always something to do, to keep my hands quiet” (“toujours quelque chose à faire pour garder mes mains tranquilles »).
Sylvain chante et c’est sa voix, rejoint par la mienne, qui termine l’album.
Le matériel :
Guitare principale Deimel Belstar (bleu) et Deimel Guitarworks Firestar dans le Dakota Red (idée de Peter) avec un Spring Reverb sur les amplis. Et il y a la Guilde en arrière-plan.
Notes sur la basse sur Super 8 :
Julien a utilisé sa propre basse Fender Precision de 1976 sur toutes les chansons. Il a d’abord utilisé l’Ampeg SVT original (1971, 1972) avec un Ampeg Porterflex de 1966 comme amplis. Puis, pour Island and Damaged, il a changé pour un Musicman.

SUPER 8 REISSUE JUNE 2019
Nous sommes retournés à Black Box fin février 2019 pour enregistrer deux toutes nouvelles chansons pour la réédition de l’album. Cette fois-ci, nous sommes partis à Black Box juste tous les deux. Sylvain a joué tous les instruments (guitare acoustique, guitare électrique, basse, batterie minimaliste, percussions) et nous avons utilisé presque uniquement les premières prises vocales enregistrées en direct avec la guitare principale. Peut-être que je suis en train d’apprendre à chanter. C’était, comme toujours, un vrai plaisir de se retrouver en studio avec Peter. Tous les trois, nous nous sommes mis dans une bulle créative pendant quelques jours et avons laissé la musique rouler.

SKIN TO SKIN
J’ai toujours la musique instrumentale de cette chanson sur mon téléphone libellée Beatles/Kula » en même temps que d’autres morceaux en attente de paroles. Sylvain ne m’avait pas donné de « la la » (donc pas de mélodie), donc je suppose que je peux être créditée pour avoir trouvé celle-ci. Je vous ai dit que nous aimons les Beatles ? Et Kula Shaker ? (le concert le plus bruyant auquel j’ai assisté de toute ma vie). De toute façon, la chanson ne leur ressemble pas vraiment non plus mais j’avais besoin de lui donner une sorte de titre provisoire. J’ai adoré le son grave de ce ”boing, boing, boing” de la guitare. La chanson voulait être une chanson d’amour, mais je voulais quelque chose de vraiment dépouillé, sensuel, une chanson d’amour sur le toucher, le goût et les sens – des mots pour décrire une sensation – et non pas seulement pour raconter une histoire. Hé Sylvain, on peut danser sur celle-là ?
LAY LOW
Alice au pays des merveilles se promène une fois de plus dans cette chanson. Une histoire du temps passé et présent – la montre de poche du lapin blanc, une brève réminiscence de Marlene de Suzanne Vega mais ici c’est un Kandinsky accroché au mur, le peintre qui entendait des sons dans les couleurs. C’est une réflexion mélancolique sur le fait de rester à terre jusqu’à ce que le vent se lève « to push me back home ».

THE PHOTOGRAPHER JEHSONG BAAK
J’ai rencontré Jehsong Baak le même été où j’ai rencontré Sylvain. Je cherchais un photographe pour prendre des photos pour mon projet de musique (il était trop tôt pour le mot « groupe ») et un ami commun de New York m’a parlé de Jehsong. Nous nous sommes retrouvés à Pigalle (non loin de l’endroit où j’avais entendu Sylvain jouer pour la première fois) et notre première séance photo a eu lieu à la fin de ce premier été. J’avais regardé le travail de Jehsong et je savais que c’était haut de gamme, mais ce que j’ai découvert au-delà de son œil inimitable et de son goût impeccable, c’est sa formidable empathie. La photographie de portrait est une affaire intime et vous pouvez sentir immédiatement s’il y a ou non un lien avec la personne qui vous regarde à travers l’appareil photo. Avec Jehsong derrière l’objectif, de la même manière qu’avec Sylvain derrière la guitare ou Peter derrière la table de mixage, vous savez que vous êtes entre de bonnes mains et que quelque chose d’excitant va se produire. Les photos et les vidéos de Jehsong retracent chaque chapitre de cette aventure depuis le premier jour. Il est le 5e Beatle de LUX et notre grand ami.
THE GRAPHIC DESIGNER MIKE DEREZ
Jehsong nous a présenté Mike qui est particulièrement doué pour travailler avec la photographie et les photographes et pour concevoir des livres de photos. Il est méthodique à l’extrême et je suis sûr que nous (je) devons fréquemment le rendre chèvre. Il faut parler de lui car tous les visuels et tous les éléments tangibles de LUX portent sa touche et parce qu’il fait partie de notre bande.
